INTERNATIONAL - Du grand chambardement qui affecte la grande majorité
des pays du Proche et du Moyen Orient, nous ne sommes que les
spectateurs, et ce n'est que demi-mal, tant les interventions
occidentales en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, voire dans ce
que l'on a un peu vite appelé le printemps arabe, se sont révélées
fâcheuses voire désastreuses.
Il fallait, il faut toujours combattre
pour la démocratie, si tant est qu'elle apporte la solution à la
délicate exigence de la paix, du progrès social et de la liberté
politique. Mais ce combat ne saurait être mené au prix du reniement
d'autres principes tel celui du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes
ou celui du respect de l'indépendance nationale.
Le grand zèle
émancipateur qui anime parfois certains de nos dirigeants ne diffère en
rien de la justification des conquêtes coloniales par les hommes
politiques de la Troisième République, pourtant authentiques démocrates
et le prosélytisme américain n'est pas davantage vertueux que le
stalinien. D'une invasion à l'autre, je ne suis pas sûr que les Afghans
fassent clairement la différence entre les troupes du Pacte de Varsovie
et celles de l'OTAN, ni que les Irakiens se trouvent mieux du régime de
Nouri Maliki que de celui de Saddam Hussein.
A la vérité, il n'est
pas de gendarme du monde qui tienne, surtout quand nos maladresses se
traduisent par des intrusions nouvelles et des initiatives
malencontreuses. Quand je constate ainsi que les balourdises américaines
vont aboutir à élever la théocratie iranienne, parfait exemple de
l'anti-démocratie, au rang de puissance mondiale, je ne peux me départir
du sentiment du gâchis et de la certitude de l'échec.
Surtout
quand on note que cette faillite s'était agrémentée de l'inique
confusion des genres, l'Organisation des Moudjahidines du Peuple d'Iran
(OMPI) étant restée, des années durant, inscrite sur la liste des
organisations terroristes, au même titre qu'Al Qaida ou Boko Haram, et
la France s'opposant jusqu'au bout des bouts à ce que sa radiation soit enfin prononcée. La justice a été finalement rendue à cette organisation qui mérite respect.
Il
est vrai que c'est cette même France qui s'est aventurée en Libye, au
risque concrétisé de déstabiliser le continent africain, et qui envisage
de "collaborer" avec l'Iran à la résolution de la crise syrienne. Quels
repères conservons-nous dans cette frénésie d'interventions dont nous
n'avons plus les moyens? Où sont nos amis? Nos adversaires? Quels sont
nos intérêts? Autant de questions auxquelles, apparemment, un homme seul
a le droit de répondre, sans en référer à qui que ce soit, Parlement,
opinion, et même Gouvernement. Nous voulons administrer la démocratie au
monde mais nous lui donnons l'exemple d'une autocratie, certes
élective, mais absolue.
La politique extérieure de la France n'est
pourtant pas pire que celle de nos alliés, surtout quand nous la
déclinons intervention après intervention, domaine après domaine et que
nous y cherchons un fil conducteur dont je crains bien qu'il n'existe
pas.
Ainsi, de l'essentiel au secondaire, force est de constater que la fermeté française
sur le nucléaire militaire ne se dément pas et, surtout, qu'elle
s'appuie sur une bonne analyse du contexte. Réalisant les effets de la
duplicité iranienne, on ne fait plus confiance, à l'Elysée, aux
promesses démenties et aux assertions erronées. Il n'en est que plus
surprenant que certains diplomates qui savent pourtant devoir ses
informations sur les tricheries iraniennes au Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) de Maryam Radjavi
persistent dans une attitude de grande réserve voire, de franche
hostilité à l'encontre de cette même résistance. Nos alliés d'outre mer
ont eu une attitude plus intelligente en auditionnant au Congrès la dirigeante de l'opposition iranienne.
Le
même trouble est perceptible quand il s'agit de se déterminer vis-à-vis
du gouvernement syrien et de son allié iranien dans un conflit
multipolaire qui tient davantage de la foire d'empoigne que de la guerre
conventionnelle. On hésite sur la conduite à tenir sans prendre en
compte cette leçon élémentaire de la conduite des affaires extérieures
qui veut que l'indécision soit pire que la mauvaise décision. Le
suivisme vis à vis des Etats-Unis, l'alignement sur un consensus mou
européen, voire le retour aux vieilles lunes de l'antisoviétisme font le
reste. La France manque ainsi de se déterminer clairement dans la
problématique iranienne en ratant l'occasion de reconnaître ses erreurs
de calcul sur l'opposition iranienne et de lui accorder ce qui en ferait
un des instruments majeurs d'une redistribution des cartes au
Moyen-Orient, la reconnaissance juridique, comme cela se fit en son
temps pour l'OLP, et plus récemment , et sans garantie, pour les
oppositions libyenne et syrienne. J'avoue ne pas comprendre comment les
protégés de Bernard Henri Lévy ont pu trouver aussi facilement le chemin
de l'Elysée alors que les résistants iraniens qui paient un tribut
aussi cruel à leur cause sont l'objet de toutes les contre-vérités voire
de calomnies plus dangereuses pour nous qu'elles ne le sont pour
elle-même.
La politique officielle est ainsi conçue qu'elle
s'applique prioritairement à ne pas déplaire et non à construire et je
veux bien l'admettre au nom de la "réalpolitik". Mais ceci n'interdit
nullement que d'autres avancées interviennent comme celle du soutien
actif à la résistance iranienne, comme celle de la participation à ses
plus grandes démonstrations qui démoralisent les tenants d'un régime haïssable et galvanisent les partisans du réveil démocratique.
Le treize juin prochain à Villepinte
nous en offre l'occasion et, pour ma part, je ne m'y déroberai pas. Je
veux espérer que nombre de nos compatriotes voudront partager cette
ambition et s'en faire un devoir.
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