Friday, June 12, 2015

Le rassemblement mondial de l'opposition iranienne

INTERNATIONAL - Du grand chambardement qui affecte la grande majorité des pays du Proche et du Moyen Orient, nous ne sommes que les spectateurs, et ce n'est que demi-mal, tant les interventions occidentales en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, voire dans ce que l'on a un peu vite appelé le printemps arabe, se sont révélées fâcheuses voire désastreuses.
Il fallait, il faut toujours combattre pour la démocratie, si tant est qu'elle apporte la solution à la délicate exigence de la paix, du progrès social et de la liberté politique. Mais ce combat ne saurait être mené au prix du reniement d'autres principes tel celui du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ou celui du respect de l'indépendance nationale.
Le grand zèle émancipateur qui anime parfois certains de nos dirigeants ne diffère en rien de la justification des conquêtes coloniales par les hommes politiques de la Troisième République, pourtant authentiques démocrates et le prosélytisme américain n'est pas davantage vertueux que le stalinien. D'une invasion à l'autre, je ne suis pas sûr que les Afghans fassent clairement la différence entre les troupes du Pacte de Varsovie et celles de l'OTAN, ni que les Irakiens se trouvent mieux du régime de Nouri Maliki que de celui de Saddam Hussein.
A la vérité, il n'est pas de gendarme du monde qui tienne, surtout quand nos maladresses se traduisent par des intrusions nouvelles et des initiatives malencontreuses. Quand je constate ainsi que les balourdises américaines vont aboutir à élever la théocratie iranienne, parfait exemple de l'anti-démocratie, au rang de puissance mondiale, je ne peux me départir du sentiment du gâchis et de la certitude de l'échec.
Surtout quand on note que cette faillite s'était agrémentée de l'inique confusion des genres, l'Organisation des Moudjahidines du Peuple d'Iran (OMPI) étant restée, des années durant, inscrite sur la liste des organisations terroristes, au même titre qu'Al Qaida ou Boko Haram, et la France s'opposant jusqu'au bout des bouts à ce que sa radiation soit enfin prononcée. La justice a été finalement rendue à cette organisation qui mérite respect.
Il est vrai que c'est cette même France qui s'est aventurée en Libye, au risque concrétisé de déstabiliser le continent africain, et qui envisage de "collaborer" avec l'Iran à la résolution de la crise syrienne. Quels repères conservons-nous dans cette frénésie d'interventions dont nous n'avons plus les moyens? Où sont nos amis? Nos adversaires? Quels sont nos intérêts? Autant de questions auxquelles, apparemment, un homme seul a le droit de répondre, sans en référer à qui que ce soit, Parlement, opinion, et même Gouvernement. Nous voulons administrer la démocratie au monde mais nous lui donnons l'exemple d'une autocratie, certes élective, mais absolue.
La politique extérieure de la France n'est pourtant pas pire que celle de nos alliés, surtout quand nous la déclinons intervention après intervention, domaine après domaine et que nous y cherchons un fil conducteur dont je crains bien qu'il n'existe pas.
Ainsi, de l'essentiel au secondaire, force est de constater que la fermeté française sur le nucléaire militaire ne se dément pas et, surtout, qu'elle s'appuie sur une bonne analyse du contexte. Réalisant les effets de la duplicité iranienne, on ne fait plus confiance, à l'Elysée, aux promesses démenties et aux assertions erronées. Il n'en est que plus surprenant que certains diplomates qui savent pourtant devoir ses informations sur les tricheries iraniennes au Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) de Maryam Radjavi persistent dans une attitude de grande réserve voire, de franche hostilité à l'encontre de cette même résistance. Nos alliés d'outre mer ont eu une attitude plus intelligente en auditionnant au Congrès la dirigeante de l'opposition iranienne.
Le même trouble est perceptible quand il s'agit de se déterminer vis-à-vis du gouvernement syrien et de son allié iranien dans un conflit multipolaire qui tient davantage de la foire d'empoigne que de la guerre conventionnelle. On hésite sur la conduite à tenir sans prendre en compte cette leçon élémentaire de la conduite des affaires extérieures qui veut que l'indécision soit pire que la mauvaise décision. Le suivisme vis à vis des Etats-Unis, l'alignement sur un consensus mou européen, voire le retour aux vieilles lunes de l'antisoviétisme font le reste. La France manque ainsi de se déterminer clairement dans la problématique iranienne en ratant l'occasion de reconnaître ses erreurs de calcul sur l'opposition iranienne et de lui accorder ce qui en ferait un des instruments majeurs d'une redistribution des cartes au Moyen-Orient, la reconnaissance juridique, comme cela se fit en son temps pour l'OLP, et plus récemment , et sans garantie, pour les oppositions libyenne et syrienne. J'avoue ne pas comprendre comment les protégés de Bernard Henri Lévy ont pu trouver aussi facilement le chemin de l'Elysée alors que les résistants iraniens qui paient un tribut aussi cruel à leur cause sont l'objet de toutes les contre-vérités voire de calomnies plus dangereuses pour nous qu'elles ne le sont pour elle-même.
La politique officielle est ainsi conçue qu'elle s'applique prioritairement à ne pas déplaire et non à construire et je veux bien l'admettre au nom de la "réalpolitik". Mais ceci n'interdit nullement que d'autres avancées interviennent comme celle du soutien actif à la résistance iranienne, comme celle de la participation à ses plus grandes démonstrations qui démoralisent les tenants d'un régime haïssable et galvanisent les partisans du réveil démocratique.
Le treize juin prochain à Villepinte nous en offre l'occasion et, pour ma part, je ne m'y déroberai pas. Je veux espérer que nombre de nos compatriotes voudront partager cette ambition et s'en faire un devoir.

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